Conference de Éric FOTTORINO
«L’identité, une quête malheureuse ?»
Écrivain et journaliste

Dans le « connais-toi toi-même » de Socrate et de la Grèce ancienne, la quête de son identité par l’être humain est une invitation à la sagesse et à l’humilité, pour qu’il sache se situer entre les animaux et les Dieux. Elle est aussi une voie possible pour prendre la mesure d’autrui, pour savoir vivre avec les autres, dans la connaissance et l’acceptation de ce qu’ils ont de différent. Mais notre époque s’est dangereusement éloignée de la dimension altruiste de cette recherche identitaire. Celle-ci est au contraire devenue une notion belliqueuse où l’individualisme exacerbé tend à « essentialiser » l’identité ou un aspect spécifique de l’identité – la religion, le genre, l’identité « nationale » pour mieux rejeter ceux qui ne nous ressemblent pas. Illustré en particulier par ce qu’Alain Finkielkraut a pu appeler en 2013 « L’identité malheureuse », l’affirmation identitaire est devenue une machine à exclure concentrée en particulier sur les étrangers, les immigrés, les migrants. Comment ce mouvement a-t-il gagné une démocratie comme la France, au point d’amener l’extrême-droite aux portes du pouvoir, aux cris de « on est chez nous » ? Comment la désinformation massive, en particulier via les réseaux sociaux, a alimenté la peur identitaire (avec la notion, entre autres, de grand remplacement). C’est à ces questions que tentera de répondre cette conférence.

Éric Fottorino est Journaliste, ancien directeur du Monde où il a travaillé pendant 25 ans. Il a cofondé l’hebdomadaire Le 1 en 2014 qui a reçu en 2021 et en 2023 le prix du meilleur magazine français.
Écrivain, son œuvre littéraire aborde les questions intimes de l’identité, de la filiation et de la judéité à travers ses romans Korsakov et Dix-Sept ans, ou des récits comme L’homme qui m’aimait tout bas, Questions à mon père ou Le Marcheur de Fès. Il a aussi consacré plusieurs fictions à l’identité paysanne et aux sociétés africaines et latino-américaines dans ses romans Mohican, Cœur d’Afrique et Nordeste. Son ouvrage Mon Tour du Monde raconte un quart de siècle de journalisme et de bouleversements dans l’univers de la presse et des médias.
Auteur d’une quinzaine de romans et d’une dizaine d’essais, il a reçu de nombreux prix parmi lesquels le prix Femina, le prix des Libraires, le prix du livre Européen et Méditerranéen. Son texte La pêche du jour, sur le drame des migrants en Méditerranée, a été interprété à Paris (Théâtre du Rond-Point) et au Festival d’Avignon par le comédien Jacques Weber.

Regards croisés

Avec Daniel Halpérin (RIG) et Alexandre Demidoff (Le Temps)

Alexandre Demidoff est journaliste à la rubrique Culture et Société du journal « Le Temps », dont il couvre l’actualité théâtrale et chorégraphique. Il a étudié la mise en scène à l’Institut national supérieur des arts et techniques du spectacle (INSAS) à Bruxelles. Il est titulaire d’un master en littérature française de l’Université de Genève et d’un master « Art and sciences » de l’Université de Pennsylvanie (USA). Journaliste culturel et critique depuis 1994, il participe au lancement du « Temps » dès 1998, dont il dirige la rubrique Culture et Société de 2008 à 2015. Il reçoit le prix de la Fondation Greulich en 2008 pour son travail de critique de danse.

Daniel Halpérin, pédiatre, ancien privat-docent à la Faculté de médecine de Genève, s’est spécialisé dans les domaines de l’hématologie et des urgences pédiatriques tout en s’impliquant fortement dans le domaine de la maltraitance infantile. À ce titre, il a dirigé de 1989 à 1996 le « Child Abuse and Neglect Team » (devenu Groupe de Protection de l’Enfant) à l’Hôpital des Enfants de Genève, puis la Consultation (devenue Unité) Interdisciplinaire de Médecine et de Prévention de la Violence aux Hôpitaux Universitaires de Genève (1997-2009). Depuis 1997 il préside l’Association Suisse des Amis du Dr Janusz Korczak, une plateforme de promotion des droits de l’enfants.