Vivre en étranger dans sa langue, construire d’autres mondes par une langue qui n’est pas la sienne

Mardi 25 septembre

18h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

Conference de Akira MIZUBAYASHI
«Vivre en étranger dans sa langue, construire d’autres mondes par une langue qui n’est pas la sienne»

A la suite de deux rencontres qui relèvent du hasard, j’ai publié en 2011 mon premier livre en français intitulé Une langue venue d’ailleurs (col. « L’un est l’autre », Gallimard). Il se trouve que c’est aussi l’année de la catastrophe de Fukushima. Depuis cette date, j’écris essentiellement en français. Est-ce un exil ? Je l’ignore. Le travail d’écriture en français constitue-t-il un refuge ? Je n’en suis pas sûr. Pourquoi écris-je dans une langue qui n’est pas originellement la mienne ? Beaucoup d’écrivains français ou francophones d’origine étrangère habitent dans l’espace francophone. On les appelle, paraît-il, écrivains allophones. Or je ne suis pas un écrivain allophone. Un écrivain allophone est un écrivain dont la langue maternelle ne correspond pas à la langue du pays qu’il habite. Je vis et travaille à Tokyo où l’on parle japonais, ma langue de naissance. Pourquoi écris-je en français alors que je vis dans un pays qui n’a pas cette langue en partage ? Ma causerie tournera autour de cette question lancinante..

Écrivain et universitaire japonais, Akira Mizubayashi est né à Sakata (Japon) en 1951. Après des études à l’université nationale des langues et civilisations étrangères de Tokyo (Unalcet), il part pour la France en 1973 et suit à l’université Paul Valéry de Montpellier une formation pédagogique pour devenir professeur de français langue étrangère. Il revient à Tokyo en 1976, fait une maîtrise de lettres modernes, puis, en 1979, revient en France comme élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. De 1983 à 2017, il a enseigné la langue et la littérature françaises à Tokyo successivement à l’université Meiji, à l’Unalcet et à l’université Sophia. Akira Mizubayashi vit à Tokyo. Il écrit en japonais et en français. Il a notamment publié : Une langue venue d’ailleurs (2011) – Prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises 2011, Prix littéraire de l’Asie 2011, Prix littéraire Richelieu de la francophonie 2013 -, Mélodie, Chronique d’une passion (2013) – Prix littéraire 30 millions d’amis 2013, Prix littéraire de la société centrale canine 2013 -, Petit éloge de l’errance (2014), Un amour de Mille-Ans (2017), Dans les eaux profondes (2018).

Regards croisés

Avec Avec Rainer Michael Mason (historien de l’art et conservateur) et David Collin (écrivain et producteur radio RTS)

Rainer Michael Mason (né à Hambourg en 1943), critique d’art, historien de l’art et conservateur, est un homme de terrain aux affinités monographiques, se penchant tour à tour sur des artistes tels que Geneviève Asse, Georg Baselitz, Martin Disler, Jean Fautrier, Franz Gertsch, Hans Hartung, Urs Lüthi, Henri Michaux, Robert Müller, Markus Raetz, Kurt Seligmann, Pierre Tal Coat, Bram van Velde. Il a dirigé pendant plus d’un quart de siècle un cabinet d’estampes qui n’existe plus. Parallèlement à ses activités de musée et d’exposition, il a publié une douzaine de catalogues raisonnés dans le champ de l’estampe.

David Collin, est un écrivain, éditeur, producteur et réalisateur radio à la Radio télévision suisse (Espace 2, Lausanne). Son activité littéraire se déploie dans la fiction, la prose poétique, le récit, le dialogue avec des artistes, et l’essai. Abordant souvent des thématiques liées à la mémoire et à l’oubli, au fantomatique, aux traces, au hasard et au voyage. Il fonde en 2011 la collection « Imprescriptible », aux éditions Metispresses, lieu de mémoire, d’étude et de réflexion sur les crimes contre l’humanité et les génocides. Il dirige, depuis 2013, la collection littéraire « Quatre-vingts Mondes » aux éditions la Baconnière (Genève). En radio, tout en réalisant de nombreux carnets de route sonore sur les cinq continents, et des émissions littéraires depuis une vingtaine d’années (entretiens, rencontres), il produit et réalise des documentaires de création et plusieurs fictions (émissions Sonar, Babylone, Le Labo, Entre les lignes),dont notamment une trilogie de documentaires avec Akira Mizubayashi.