Le ressentiment : structure grammaticale ou pulsion populaire ? À propos de la démocratie et de ses ennemis

Mercredi 28 septembre
Conference de Barbara STIEGLER
«Le ressentiment : structure grammaticale ou pulsion populaire ? À propos de la démocratie et de ses ennemis»
Philosophe française

Le ressentiment est de plus en plus souvent invoqué comme l’une des causes majeures de la crise démocratique. Si nos régimes politiques vont mal, ce serait la faute de ce sentiment, considéré comme la pulsion principale des classes populaires. Qu’elles votent, s’abstiennent, manifestent, refusent ou protestent, le discours du ressentiment les accuse invariablement d’être aveuglés par l’envie et le complotisme. En proposant une histoire philosophique du mot lui-même, que Nietzsche reprend à l’écrivain français Paul Bourget, je me propose de montrer que le ressentiment est moins une pulsion populaire qu’une structure centrale de notre grammaire et de notre métaphysique. En accusant les basses pulsions du peuple, le discours dominant, qui se plaît tant à le dénoncer, en porte en réalité la marque de bout en bout.

Barbara Stiegler est professeur de philosophie à l’Université Bordeaux Montaigne et membre de l’Institut universitaire de France. Initialement spécialisée en philosophie allemande (Nietzsche et la biologie (PUF, 2001) et Nietzsche et la critique de la chair. Dionysos, Ariane, le Christ (PUF, 2005)), ses recherches s’inscrivent aujourd’hui dans le champ de la philosophie politique et portent sur l’histoire des libéralismes et de la démocratie. Parmi ses derniers ouvrages, on retient notamment « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique (2019), De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation (Gallimard, 2021) et Santé publique année zéro (Gallimard, 2022).

Regards croisés

Avec Lucienne Bittar (revue choisir), Alice Rey (UNIGE) et Marie Hasse (RIG).

Lucienne Bittar est journaliste et a travaillé pour divers médias, notamment pour Terre des Hommes Lausanne et l’Université de Lausanne. Elle est depuis 2007 rédactrice en chef de la revue culturelle choisir éditée par les jésuites de Suisse romande et, depuis cette année, vice-présidente de l’Association suisse des amis de Sœur Emmanuelle, une ONG active au Soudan du Sud et en Haïti.

Alice Rey est assistante en histoire moderne à l’université de Genève et membre de l’équipe de recherche DAMOCLES. Elle rédige une thèse de doctorat, sous la direction de Michel Porret et Paul-Alexis Mellet, intitulée : Entre corps et fiction : pour une définition de l’individu chez Bentham. Elle a publié en 2021, dans l’ouvrage codirigé par Fabrice Brandli et Marco Cicchini Pages d’histoire. Autour de Michel Porret, l’article : Pour une histoire du corps pénal (XVIe-XIXe siècle).

Marie Hasse est directrice des éditions Metropolis et vice-présidente des Rencontres internationales de Genève.