La religion a été longtemps l’exclusive prescriptrice du bien, qui s’entendait comme moral et composait, précisément, un bien commun. Comment penser le bien hors du cadre religieux dont nous sommes encore les très proches héritiers ?
La faillite du système rétributif, supposant l’administration divine du bonheur et du malheur humains, ne date pourtant pas du déclin des appartenances confessionnelles apparu au tournant des années 60. Le corpus biblique comprend lui-même des remises en cause de la corrélation entre mal moral et malheur, ouvrant ainsi sur une autre définition de Dieu et, partant, du bien et du mal. Une relecture du livre de Job éclairera non seulement cette critique des définitions classiques du bien et du mal à l’intérieur des systèmes religieux, mais pourrait aussi s’avérer inspirante pour définir aujourd’hui de quel bien sommes-nous en mal, que l’on croit au ciel ou qu’on n’y croit pas.
Après l’obtention d’un doctorat de théologie à la faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, Marion Muller-Colard a d’abord été aumônier des hôpitaux avant de se consacrer à l’écriture d’essais, de récits et de romans. Elle a été membre du Comité Consultatif National d’Éthique français entre 2017 et 2023, et membre de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église. Elle dirige aujourd’hui les éditions Labor et Fides.