« Penser le monde par la littérature »

49e session - 2016

Avec leurs agencements esthétiques, narratifs et imaginaires spécifiques, la littérature et la poésie expriment — pour le dire sommairement —, le bonheur et l’épreuve de la présence humaine au monde. La fiction est peut-être l’alliée cognitive des sciences humaines et sociales qui veulent donner du sens à l’Histoire. Ensemble, ces savoirs constituent les pivots indispensables de l’éducation scolaire, ainsi que de l’enseignement et de la recherche universitaires qu’il faut préserver et enrichir dans l’héritage éthique, politique et culturel de l’humanisme critique et des Lumières.

Lecteur assidu, essayiste, poète, « cinégraphe », nouvelliste, auteur notamment de Fictions (1944), l’immense écrivain argentin Jorge Luis BORGÈS (1899-1986) est inhumé au cimetière des Rois à Genève — ville internationale de ses études. Comme un trop modeste hommage à la modernité poétique et philosophique de son œuvre qui a changé les perspectives du regard sur la littérature en son jeu spéculaire avec le réel, la 49e session des Rencontres internationales de Genève est consacrée aux infinis rapports que l’imaginaire littéraire entretient avec les désordres et les incertitudes du monde contemporain, ainsi que la responsabilité sociale de l’écrivain.

Pour terminer l’été, cette session invite chaleureusement la cité à une prometteuse conversation cosmopolite de quatre jours avec quatre auteurs prestigieux venus du Canada, d’Italie, de Grèce, d’Algérie : Madame Kim THUY ; Messieurs Erri DE LUCA, Petros MARKARIS, Boualem SANSAL. Leurs conférences inédites ouvriront sur des tables-rondes et des débats publics. Selon leurs choix existentiels et leurs engagements individuels, ces écrivains incarnent la littérature contemporaine comme une « parole contraire », mais aussi comme une éthique résistante face aux maux et aux violences du monde déboussolé et sécuritaire d’aujourd’hui, avec son cortège de civils massacrés, de migrants désespérés, d’intellectuels inquiétés, censurés, traduits en justice, brutalisés, voire abattus pour des motifs religieux et politiques, mais aussi de saccages environnementaux et de dégradations socio-économiques, matrices de précarités et d’inégalités.

Pourtant, au-delà des choix poétiques, esthétiques et de genres littéraires, au-delà de son usage social et de son approche herméneutique, la littérature porte certainement un espoir pour penser ensemble le monde meilleur et plus fraternel auquel nous rêvons : à « chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d’avenir » (René CHAR).


Michel Porret Président des Recontres Internationales de Genève

Programme

Lundi 26 septembre

Depuis longtemps sans doute, et de plus en plus de nos jours, la violence s’étend sur le monde, dans un mouvement conquérant et totalitaire. Elle repense le monde, le reconfigure, selon ses volontés et ses besoins. Forcées par la mondialisation consumériste,

Lundi 26 septembre

Marc Atallah est directeur de la Maison d’Ailleurs (musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires) et maître d’enseignement et de recherche à la Section de français de l’Université de Lausanne.

Mardi 27 septembre

Au travers de son expérience personnelle avec ses villes – Istanbul, Vienne et Athènes – Petros Markaris explore les chemins par lesquels s’est forgée sa personnalité d’écrivain. Plus en avant

Mardi 27 septembre

Sylvain Briens est professeur de littérature et histoire culturelle nordique à l’Université Paris-Sorbonne. Après une carrière d’ingénieur dans l’industrie des télécommunications et aux Nations Unies, 

Mercredi 28 septembre

Puits infinis de l’étrange Bibliothèque de Babel, multiples couloirs, cercles, miroirs, escaliers et hexagones, le film, entre documentaire et fiction, part à la rencontre du monde de l’un des plus grands auteurs de langue espagnole: Jorge Luis Borges – de sa fiction, de ses contes et de ses obsessions littéraires.

Mercredi 28 septembre

Sylviane Dupuis, née à Genève, est poète, auteur de théâtre et essayiste. Elle enseigne la littérature au Département de français moderne de l’Université de Genève. Prix Ramuz de Poésie en 1986, traduite en huit langues, elle a publié sept livres de poésie, dont Géométrie de l’illimité (2000)

Jeudi 29 septembre

La fiction permet de traverser le temps en se balançant d’une époque à une autre grâce à l’élan d’un mot ou le retour d’une image. Elle traverse les continents sans même changer de paragraphe et fusionne les cultures dans le silence des espaces. 

Mercredi 28 septembre

J’ai l’expérience de nombreuses variétés de chutes. Toutes sont dues à la loi dite de gravité. Il faut que la chute ne soit pas le dernier mot, mais le passage nécessaire pour se redresser. Existe-t-il une force en nous et dans la nature qui contredit la chute?

Jeudi 29 septembre

Caroline Coutau, née à Genève en 1966, a effectué des études en littérature française et linguistique. Ayant exercé comme critique de danse contemporaine et déléguée culturelle à la Ville de Lancy,