« Exils et refuges »

51e session - 2018

Devant la cité lémanique — jadis ville du refuge huguenot et aujourd’hui siège du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés — la 51 session des Rencontres internationales de Genève revient sur notre monde épuisé. Celui que blessent les exils et les refuges des femmes, des hommes et des enfants qui fuient la misère, la précarité sanitaire, les guerres, la violence politique, les atteintes aux droits de l’Homme, le nettoyage ethnique et le dérèglement climatique. Les attendent l’administration et la police des camps et des centres de rétention que clôturent — parfois dès la frontière — les murs barbelés et électrifiés pour intimider les flux de l’exil. Tentes, baraques, caravanes, containers, immeubles ruinés, friches industrielles, abris militaires : du campement précaire au cantonnement solide pour humains déplacés, les abris du déracinement se muent en « camps-villes ». Les ghettos du malheur planétaire génèrent la générosité des associations humanitaires, mais aussi le populisme et la xénophobie des enracinés que panique le « débordement » migratoire et identitaire.

À la fin 2016 — dont en leur pays — plus de 65 millions d’humains sont recensés comme déplacés contre leur gré (HCR), soit le chiffre de la population française. Nombre inouï de l’exil forcé pour 20 personnes chaque minute ! Parmi eux — meurtris par le malheur individuel et collectif — 22.5 millions de réfugiés appauvris ont gagné l’étranger. Entre le tombeau abyssal de la Méditerranée, les circuits maffieux du trafic d’êtres humains et le durcissement universel des lois nationales contre les étrangers, la « nation des exilés » constitue en 2018 le 21 pays du monde — avant le Royaume-Uni ou l’Afrique du Sud.

En 2016 et 2017, les RIG accueillent des écrivains prestigieux pour évoquer la force de l’imagination et de la littérature face au recul de l’humanisme. En septembre 2018, nos invités repenseront les réalités sociales, démographiques, culturelles et anthropologiques du « nomadisme forcé ». Mobilisé par les « exils et les refuges » comme creuset du multiculturel, l’État de droit est lié aux traditions égalitaires, juridiques et démocratiques de la solidarité et de la fraternité issues des Lumières. Sur notre horizon d’attente : la nouvelle utopie du cosmopolitisme bienveillant dans la « mondialisation humaine ».


Michel Porret. Président des Rencontres internationales de Genève.

Programmes

Lundi 24 septembre

Cette conférence inaugurale abordera la dimension mondiale des migrations, la crise de l’accueil des réfugiés en Europe, la catégorisation des migrants, des réfugiés et des pays de départ et d’accueil ainsi que les politiques nationales, régionales et les nouveaux développements concernant le pacte mondial sur les migrants et les réfugiés des Nations Unies.

Mardi 25 septembre

A la suite de deux rencontres qui relèvent du hasard, j’ai publié en 2011 mon premier livre en français intitulé Une langue venue d’ailleurs (col. « L’un est l’autre », Gallimard). Il se trouve que c’est aussi l’année de la catastrophe de Fukushima.

Mercredi 26 septembre

Fortuna (14 ans), une jeune adolescente éthiopienne, sans nouvelles de ses parents depuis son arrivée sur les côtes italiennes, est accueillie en Suisse avec d’autres réfugiés dans un hospice à plus de 2000 m d’altitude pour passer l’hiver. 

Mercredi 26 septembre

En 2016, le Museo archeologico delle Pelagie de Lampedusa a présenté une exposition de chefs-d’oeuvre qui a impliqué, dans une démarche participative,

Mercredi 26 septembre

Aujourd’hui, les défis sociaux qui se posent à la communauté internationale dans la gestion institutionnelle des flux migratoires mixtes convergeant vers la Libye et le Maroc posent de grands dilemmes auxquels une agence humanitaire doit apporter des réponses conformes au droit des gens et à sa propre tradition d’intervention transnationale.

Jeudi 27 septembre

Agir aujourd’hui au nom de l’hospitalité mobilise toute une anthropologie qui contribue à transformer les sociétés d’accueil et à façonner le lien à l’étranger. Mais aujourd’hui comme autrefois, l’hospitalité est une faveur limitée dans le temps et l’espace, 

Jeudi 27 septembre

Le drapeau suisse est un symbole fort et apparemment immuable. Certains élèves de l’enseignement secondaire sont arrivés à Genève après un voyage périlleux.